S’il y a une comédie que j’irais voir sans plus de questions, c’est bien un Blier. Une fois que l’on a accroché avec ce traitement direct et étrange de l’humour que Blier exploite si bien, on y revient toujours. Je parle de comédie, mais Le Bruit des glaçons est, plus précisément, un drame-comédie. Un terme qui prend une réelle signification dans ce film hybride.
Charles, un auteur alcoolique quitté par sa famille, se voit présenté, en bonne et due forme, à son cancer qui devient son épée de Damoclès. Le sujet du cancer est traité avec intimité, Charles se battant contre son cancer et alter ego, mais avec une distanciation signée Bertrand Blier. La musique, par exemple, joue un rôle particulièrement ironique en charriant les clichés de certains films de genre. Elle participe ainsi, avec la complicité des acteurs, à la création de situations absurdes. La façon de Blier de diriger ses acteurs a déjà fait ses preuves avec plus de 50 ans de carrière. Cette direction est en parfaite harmonie avec l’humour bliesque qui, s’il était à définir en quelques phrases, serait un humour piquant qui, avec un parler cru et des airs détachés, traite de sujets durs. Pourtant cela nous touche droit au cœur.

Ce qui touche au cœur, c’est ce que nous partageons avec cet auteur raté. Alors que le cancer de Charles est invisible à la vue des autres (ou presque), nous prenons d’emblée le parti de l’alcoolique incompris. Mais en plus, le cancer s’adresse de temps à autres directement au spectateur, nous ramenant à une réalité brute. Le traitement du flash-back est également très intéressant dans la coexistence de temporalités qu’il instaure. Ce sont les personnages eux-mêmes qui créent leurs flash-backs, et font exister le souvenir avec l’impact du présent, une façon de montrer l’engagement physique et moral d’un retour dans le passé. Ce qui est sûr, c’est que Blier possède ce talent de nous faire apprécier son monde saugrenu. Un Blier ça ne se refuse pas !